Ma rencontre avec Hadès

Inaugurons tes premières pages par ce qui a, il faut bien l’avouer, changer ma vie.
Il y a quelques années, je ne sais plus quand exactement, alors que je fleurissais le bord d’un chemin, j’étais perdue dans mes pensées et je ne regardais pas vraiment où j’allais. Je suivais le chemin, la tête baissée, et sans m’en rendre compte, je grimpais hors de mon périmètre de travail. Je me suis retrouvé sur le flanc d’une montagne noire et comme mes fleurs ne poussaient plus très vite, j’ai réalisé que j’étais allé un peu loin malgré moi. Les fleurs poussent difficilement sur les volcans.
Je m’apprêtais à rebrousser chemin quand j’aperçu une silhouette à quelques mètres. C’était un homme, non, vu son aura c’était un Dieu… Vêtu de noir et sur ce volcan ça ne pouvait être qu’une personne : Hadès.
Ma mère s’en méfie comme de la peste, du coup elle m’avait mis en garde « ne t’approche pas du volcan » et « si tu le vois, tu cours ». Un peu extrême je trouve… selon elle il fout en l’air tout notre travail. Le peut de fois qu’il sort, les récoltes qu’il approche sont moins bonnes, parfois même la terre gèle. Donc bon, elle ne le porte pas dans son coeur. Et forcément elle ne m’avait pas dit que c’était UNE BOMBE ATOMIQUE. Revenons au moment où nos regards se sont croisés (mamma mia). Je ne suis pas mal élevée, quand je croise une Divinité, qui plus est royale, je la salue. Je lui ai même souri malgré les “recommandations” matriarcales. De là, on s’est présentés comme il se doit (il ne savait même pas que j’existais) et je me suis excusée d’avoir fleuri un bout de son volcan. Bizarrement, il s’en fichait totalement (contrairement à ce que m’avait dit maman) et il m’a autorisé à venir quand je le voulais. DONC BON. Une bombe atomique de roi m’autorise à venir ; dit toi bien, Cher Journal, que j’y suis retourné !
Même s’il était très occupé, il venait me voir aussi ceci dit.
On s'est revu
Et on a flirté quelques mois ensemble dans le plus grand des secrets, histoire que « tu sais qui » ne me fasse pas une crise d’angoisse. Mais forcément un jour… Une nymphe qui passait par là nous a vus, et même si on ne faisait rien de mal, elle nous a balancés. Je comprends hein, ma mère c’est la patronne de tout le monde ici (faut bien un peu d’autorité pour que tout pousse correctement) donc la pauvre nymphe, elle ne voulait sans doute pas que ça lui retombe dessus.
Bref, j’ai fait des présentations qui n’en étaient pas vraiment puisqu’ils se connaissaient déjà… Mais on a officialisé les choses quoi. Et du coup ça n’a pas loupé : interdiction d’aller au volcan. Flûte. En plus depuis, les nymphes ne me lâchaient pas d’une semelle, c’était quasi impossible de filer en douce.
On a quand même réussi à se voir, il ouvrait des passages dans la terre et je disparaissais d’un coup, avant même qu’elles puissent se retourner (hihi). On passait des heures là-dessous, bien au chaud entre la terre et les Enfers. Il faisait des terriers largement assez grand pour qu’on puisse s’y balader. J’entendais les nymphes au-dessus de moi qui me cherchaient. Leurs pas affolés faisaient des bruits sourds, un peu comme quand on met la tête sous l’eau et qu’on entend le monde de très loin. Ça nous faisait bien rire en tout cas. Quand je réapparaissais, elles poussaient un soupir de soulagement et me ramenaient illico à ma mère, mais sans jamais lui dire ce qui s’était passé. Parfois il m’emmenait dans de grandes cavernes remplies de joyaux qui faisaient briller tout en bleu ou en rose…
Les mois ont passé, parfois sans qu’on puisse se voir pendant des semaines. Mais une chose est sûre, c’est que plus on se cachait, plus on voulait se revoir.

Les "clefs" de chez lui
Un jour, après notre plus longue séparation forcée, il m’a demandé de partir aux Enfers avec lui. J’en avais très envie ! Il y avait, d’après ce qu’il me disait, énormément de choses à faire là-bas et un peu de nouveauté me tentait bien. Mais d’un autre côté j’avais déjà un travail à responsabilités sur Terre, et ma mère comptait sur moi. C’est pas marrant-marrant tous les jours mais je l’adore quand même ma mère. Et elle, bah… Elle DÉTESTE Hadès (il ne peut pas la saquer non plus hein).
Alors j’ai organisé une sorte de réunion. Je ne te raconte pas l’ambiance. Ma mère se doutait bien qu’on se voyait encore donc elle n’était pas tant surprise, mais par contre ça ne lui faisait pas plaisir.
D’un point de vue professionnel comme sentimental, j’étais tiraillée entre les deux mondes. Comme ça se fait beaucoup quand on n’arrive pas à trouver une solution entre Dieux, on a appelé Zeus (mon géniteur).
Il est spécial Zeus (je t’en parlerai un autre jour) mais pour le coup, il a été vachement efficace! Il a suggéré que je passe six mois de l’année sur Terre et six mois de l’année aux Enfers.
Résultat des courses
Vu que c’est le Big boss qui a trouvé l’idée du siècle, tout le monde a accepté (le rêve !). Ça n’a pas été facile pour ma mère, mais bon, il faut bien que l’oiseau quitte le nid. Perso, je ne pouvais pas rêver mieux. Je peux passer du temps avec chacun d’eux sans avoir à me justifier, j’ai deux super boulots qui me passionnent, et je ne m’ennuie jamais! Au bout de six mois, ma routine change complètement ! Avec ma mère on est plus proches et plus productives que jamais et avec Hadès on peut rester focus sur notre travail et quand je rentre, disons on est content de se retrouver!
Voili voilou comment j’en suis arrivée là. En-tout-cas moi, ça m’a fait plaisir de me remémorer tous ces souvenirs et puis au passage ça permet de démanteler la bonne vieille vision patriarcale de l’an -1000, comme quoi j’aurais été “séquestré”.
À bientôt mon cher journal. 💖🌸
Perséphone
